Un soir, me promenant dans le jardin, je surprends une étrange conversation.
" Vous avez bien sujet d'accuser la Nature;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête. "
Je me dirige vers cette voix grave et solennelle. A ma grande stupéfaction : personne ! Que notre grand Cedrus atlantica 'Glauca'.
Quelques instants plus tard, une voix fluette poursuit le propos.
" Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos;
Mais attendons la fin . . . . . "
Cette voix émanait du Chamaecyparis nootkatensis 'Strict Weeper'.
Je me suis bien gardée de révéler ce fait à mon entourage, d'ailleurs,
Qui m'aurait crue ?
Mais hier,
" Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque là dans ses flancs. "
Le vent !
" Le vent redouble ses efforts. "
Je me remémore la conversation surprise quelques jours auparavant:
je cours au jardin.
Hélas !
Des bras de " Celui de qui la tête au ciel était voisine" jonchent le sol, cassés net au ras du tronc.
Pas déraciné certes mais blessé et défiguré notre quinquagénaire si fier.
Le chamaecyparis lui, n'a subi aucun dommage.
Toujours d'actualité Jean de La Fontaine !
P.-S. Suite à la tempête du 5 janvier 2012.